Un détour alimentaire, c’est quoi?

10 juin 2024

S’égarer en chemin, c’est rarement plaisant. Qui aime réellement faire des détours? Probablement personne. On s’entend, ça nous fait perdre un temps fou et grimper l’anxiété.

Pourtant, lorsqu’il s’agit d’alimentation, plusieurs personnes sont tentées d’emprunter un chemin différent pour satisfaire leurs envies. Elles ont tendance à repousser ou fuir un aliment “interdit” pour qu’au final, leur envie d’en manger les rattrape.

Grâce à cet article, démystifions un détour alimentaire, c’est quoi?

Le détour alimentaire survient lorsqu’une personne a un craving et qu’elle tente de substituer l’aliment dont elle a envie (généralement un aliment gras, sucré ou salé) par un autre qu’elle juge plus nutritif ou meilleur pour sa santé. Par exemple, ça peut être de tenter de camoufler son envie de manger des chips en les remplaçant par un légume croquant comme du céleri. Ça peut aussi être de remplacer du chocolat par une pomme.

Il s’agit de chercher à éviter un aliment interdit ou catégorisé comme étant “mauvais” en essayant de combler sa faim avec de “bons” aliments. Bien que l’intention derrière ce geste soit de vouloir manger mieux, plus souvent qu’autrement ce genre de comportement nuit à la relation que la personne entretient avec la nourriture et à ses comportements alimentaires.

Après avoir mangé une branche de céleri ou une pomme, l’envie de chips ou de chocolat est souvent toujours présente. Encore une fois, une personne pourrait tenter de camoufler son envie en mangeant quelque chose de plus “santé” comme du yogourt. Elle peut se dire qu’elle va en prendre que quelques bouchées pour calmer son craving, puis finalement finir le pot sans même s’en apercevoir.

Après quelques minutes, la personne constate généralement que son envie initiale est encore là. Le céleri, la pomme et le yogourt ne l’ont pas satisfaite. Elle a toujours le goût de manger des chips ou du chocolat.

Plutôt que de chercher à comprendre son craving et le satisfaire, la personne aura tendance à se sentir coupable. Elle peut croire qu’elle est anormale et que son corps est déréglé. Qu’elle ne devrait pas avoir envie de manger des aliments “malsains”. Qu’elle manque de volonté. C’est une pensée issue de la culture des diètes.

Toujours pour tenter de calmer son envie de manger des aliments “interdits”, cette personne peut caler un grand verre d’eau, mais… Elle finira finalement par manger les chips ou le chocolat (ou les deux) parce que rien d’autre ne peut remplacer son envie d’en manger.

Évidemment puisque les besoins qu’ils servent à combler sont différents de ceux que peuvent combler les légumes, par exemple. Les chips ont un goût salé, pas le céleri. Le chocolat fond dans la bouche, pas la pomme. Il est nécessaire de mastiquer les chips avant de les avaler, pas le yogourt. Les aliments n’ont pas les mêmes caractéristiques sensorielles. Tout simplement.

Il est donc préférable de se demander quels besoin ou caractéristique (texture, saveur, température, etc.) nous cherchons à combler avec notre envie et de faire un choix respectueux de celui-ci. Comparons des oranges avec des oranges.

Aussi, s’interdire de manger des aliments les rend encore plus attrayants. Difficile d’y résister. Lorsqu’elle finira par manger des chips ou du chocolat de toute façon, parce qu’elle le fera, la personne risque de le faire sans les apprécier. Plutôt que d’en profiter pour les déguster simplement tout en portant attention à leurs caractéristiques sensorielles et à la quantité qui la satisfait, elle les déglutira en brouillant du noir et sans porter attention à ses signaux de rassasiement. Résultat; culpabilité et insatisfaction.

Ainsi, les détours alimentaires nous amènent souvent à manger une plus grande quantité de nourriture que si on avait écouté et respecté notre envie au départ.

Finalement, lors d’un craving alimentaire, il est possible de se rappeler que les aliments ont tous des rôles différents à jouer dans notre alimentation et qu’il est souvent préférable d’aller droit au but plutôt que d’emprunter mille et un détours afin de satisfaire nos rages alimentaires. Les premières fois, c’est possible que des pensées négatives gâchent notre expérience, mais en apprenant à réapprivoiser nos envies sans jugement, nous pouvons mieux identifier le besoin derrière celles-ci et retrouver la satisfaction plus rapidement sans avoir l’impression de perdre le contrôle. Je le répète souvent, mais en alimentation, tout est une question d’équilibre.

Image de couverture : Freepik

Article rédigé par :

Sandra Simoneau                                                                                                                                                                                    Nutritionniste-Diététiste

J’ai à coeur d’aider les gens à retrouver une relation saine avec la nourriture et leur corps. Selon moi, c’est la pierre angulaire vers l’adoption et le maintien de saines habitudes de vie à long terme.

À travers mes articles, je souhaite contribuer à démystifier les croyances en lien avec la nutrition et les aliments, puis fournir des outils afin que manger devienne pour tous synonyme de plaisir et de simplicité !

Mon contenu t’intéresse?

Abonne-toi à mon infolettre pour recevoir mes nouvelles bienveillantes.

Retourner au Blogue